Je suis partie aujourd’hui
Les soins palliatifs à domicile ou le dernier train avant le bleu du ciel par Franca Maï
Franca Maï : Fleurs vénéneuses extrait Crescendo (vidéo)
Á plus basse altitude, Cat Cat est un village H’Mong Noir situé dans une vallée au sud de Sapa. En y allant, on croise des H’Mong Noir marchant sur le bas-côté des chemins défoncés.
Ils vont pieds nus, des pieds étonnement larges. L’eau marron des montagnes bleues arrive de partout autour de ce village composé de familles de la même lignée. Parfois, les nuages sont si bas qu’il fait presque nuit.
Des habitants se lavent dans la rivière boueuse.
Un enfant porte une hotte de tiges d’indigotier, pantalon à mi-mollets. Une vieille femme a de grandes boucles d’oreilles d’argent montées en jantes dans les trous élargis des lobes, si bien que ses lobes distendus rappellent des rondelles de calmar. Une mère et sa fille dans leur superbe tenue quotidienne sourient en ramassant le fourrage pour le buffle. Elles, comme souvent les Dzao Rouge, nous demandent de les photographier. Des papillons aux ailes grandes comme les deux mains tournent, partent et reviennent.
Puis nous allons chez les Dao de Sin Chai habitant dans des huttes en bambou.
Á notre arrivée au bout du chemin qui est l’entrée du village, des enfants marchant dans la boue nous attaquent avec des bâtons. Tout d’abord il est difficile d’apprécier la part du jeu et du sérieux. Mais ils dégagent une forte charge d’inquiétude et d’hostilité. Leurs coups sont placés et font mal. Ils rient nerveusement, se rangent les uns derrière les autres par ordre de grandeur décroissante pensant que nous cachons cet appareil photo qui vole l’âme. Tout cela devient gênant...
De retour à Sapa, nous n’allons pas observer et folkloriser les parades amoureuses des jeunes filles et garçons de ces minorités en âge de se marier -de treize et quinze ans- ce qu’on appelle ici : "Le marché de nuit des amoureux". La nuit venue, les filles s’y retrouvent parées de leurs plus beaux costumes -différents de ceux des femmes mariées- dans des recoins connus de Sapa afin de rencontrer des garçons eux-mêmes ornés de leurs plus beaux atours vestimentaires. Usage indispensable pour l’agrégation sociale de ces communautés disséminées, rite essentiel dans le mécanisme de reproduction du groupe afin d’écarter la consanguinité.
Dans le bus qui redescend de Sapa à Lao Cai, je contemple les somptueux paysages de ces jours derniers habités par tant de peuples différents, me demandant si je les reverrais un jour... Un sentiment flou m’occupe : « Ici on ne se projette pas, on vit là et maintenant pour toujours dans l’éternel présent », pensais-je sûrement à tort. Brusquement, le bus freine fort. Le virage suivant est encombré par un attroupement de personnes d’ethnies différentes, un pêle-mêle de zébus et de vélos : on s’arrête. Un jeune homme tout sourire vient de capturer un magnifique python. Il tient la splendide bête de façon appropriée, bras en l’air, tandis que la lourde anse du serpent rase le sol. Á Lao Cai, des files de camions bâchés courent vers la Chine dans la touffeur poussiéreuse. L’orage éclate déclenchant un déluge soudain. Dans l’attente du départ en train pour Hanoi, je déguste sans le savoir du pâté de crapaud.
Les journées suivantes sont consacrées au travail pour les victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et à la visite de la ville. Je passe devant la Maison Centrale construite par les Français. Elle abrite la guillotine. Au-dessus de la voûte de sa grande porte d’entrée est écrit en demi-cercle et en lettres capitales -comme les peines qu’elle dispensait- MAISON CENTRALE. Un texte officiel vietnamien, donc jaune sur fond rouge, explique le lieu. Des tessons de verre et des barbelés enroulés surmontent toujours le haut mur d’enceinte, comme en témoignent les cartes postales de l’époque immortalisant les exécutions capitales, côté droit de cette porte car c’est là que la guillotine était de niveau.
Départ pour Hoa Lu -une des anciennes capitales du Viêt Nam à l’époque des règnes des rois Dinh et Le entre 968 et 1009- et surtout vers le site de Tam Côc : petite Ha Long terrestre située à trois heures de route au sud de Hanoi. Tout le long du trajet défile la campagne des rizières en effervescence repiquant le riz, et des champs de tombeaux s’y traînent.
Á Tam Côc, on embarque sur la rivière Hoang Long avec deux rameuses recouvertes du chapeau conique. Le soleil brûle. Nous glissons sur l’eau verte dans un dédale de pains de sucre boisés aux formes féeriques et vertigineuses. Tam Côc signifie "trois grottes". La barque à font plat glisse sans bruit dans ce décor grandiose et hallucinant qui nous écrase sur la surface de l’eau.
Á cet instant, je reconnais ici les images du film Indochine. Parmi les plus belles. La rivière passe sous trois larges et profondes grottes aux plafonds bas hérissés de concrétions. Et nous ressortons à l’autre bout dans le puits de lumière d’une immense et profonde cuvette entourée de pitons rocheux tombant dans une lagune où les paysans locaux travaillent dans l’eau jusqu’au cou pour récolter manuellement le paddy qu’ils chargent sur la barque flottant à leur côté.
Le séchage se fait sur une berge rocheuse, battage et mise en meules des gerbes aussi. Nous glissons silencieusement devant les activités authentiques de ces lieux extraordinaires, les femmes qui nous propulsent rament de façon traditionnelle, avec les pieds.
Passent des grottes basses qui abritèrent un hôpital vietminh, des grottes élevées derrière une végétation abrupte qui servirent de prisons à des aviateurs capturés, et des tombes. Je n’ai pas assez d’yeux et pense : « N’importe quelle armée s’engageant ici serait entièrement détruite dans la journée ». Trois heures d’une réelle splendeur.
Retour à Hanoi. Le lendemain, journée de travail pour les victimes de l’Agent Orange.
Il est tôt, nous partons pour la baie d’Ha Long située au nord-est du pays.
Le delta du Fleuve Rouge étire et élargit ses rizières formant une mosaïque de miroirs sur laquelle triment hommes et bêtes. Et des villages de tombes colorées défilent.
Á l’embarcadère, on sort nos papiers, la mer est synonyme de passeport.
Á quai, le gros bateau de bois rouge est là, avec ses toits en pagode et des lampions au-dessus de ses escaliers aux rampes ouvragées. Il nous conduit doucement vers la constellation d’îles aux formes fantasmagoriques fermant la ligne d’horizon. Elles sont si nombreuses qu’on ne comprend pas entre lesquelles on peut passer. Puis, avec l’avancement, elles s’écartent et grandissent. Elles sont plus ou moins importantes mais toujours très hautes. Derrières elles apparaissent d’autres îles sœurs, rocheuses et tordues, désaxées, rongées à leur base au point qu’elles semblent tenir sur un pivot, formant des barrières d’îles à perte de vue, des myriades baissant d’intensité avec l’éloignement comme sur l’estampe brumeuse du plus vaste site karstique du monde. Aucune île n’est pareille. Toutes sont folles. Certaines évoquent un animal. Elles portent une végétation fournie, abritent des anses de sables, des criques rocheuses où des pêcheurs arrêtent leurs barcasses à marée basse pour chercher le sa sung, un ver qu’on ne trouve qu’ici, vivant sous le sable et qu’on mange frit, ou bien l’hai sam au corps mou en forme de concombre et, par-dessus tout, la langouste nichée sous le socle des îles rongées vers l’intérieur. Au mitant d’un groupe d’îles s’abrite un village flottant d’éleveurs de poissons où croisent les barques des marchands ambulants. Le soir arrive, on mouille l’ancre dans un cirque d’îles aux eaux calmes. Le coucher du soleil fait une prestidigitation rouge et noire. D’autres bateaux stationnent autour, à cause des attaques de pirates qui se multiplient. Les lampions se reflètent dans la mer de Chine septentrionale, et ses eaux sont plus profondes lorsqu’il fait noir. Le croissant de la lune est en berceau et, pour la première fois, j’entends grincer le squelette du bateau. On s’endort à l’écoute des bruissements. Puis l’aube nous donne son spectacle de couleurs douces et paisibles, la promesse d’une belle journée. Et nous rentrons de ce labyrinthe par une autre route au décor tout aussi éblouissant, à couper le souffle, énigmatique et prodigieux.
Retour à Hanoi. Demain, journée de travail pour les victimes de l’Agent Orange. Le Comité central de VAVA d’Hanoi me fait membre d’honneur. Si accepter un honneur est toujours prétentieux, le refuser est blessant pour les gens qui vous portent estime : je dédie cet honneur aux victimes. C’est le leur. Nous sommes invités à dîner en bordure d’un des nombreux lacs d’Hanoi et, en lien avec l’actualité, l’ancien ministre de la Santé me montre la surface de l’eau à l’endroit où Mc Cain est tombé avant d’être fait prisonnier. « En aucun cas la solution viendra de lui », dis-je.
C’est le mois de juillet. Nous quittons Hanoi en bus pour Huê, où nous arriverons dix-huit heures plus tard. Un orage éclate et la route empruntée par ce bus pour quitter la capitale est vraiment infernale, les trous sont tels que les véhicules qui se croisent voient par-dessus le toit de l’autre. Le chauffeur passe d’un bas côté à l’autre à la recherche du profil le moins mauvais au mépris des autres usagers qui en font autant. Il existe deux routes du Nord vers le Sud. La Route Mandarine par le littoral sur laquelle nous roulons et la Piste Ho Chi Minh par la montagne et les hauts plateaux, devenue route nationale. Il fait nuit et le bus double en deuxième, troisième, quatrième position si l’opportunité se présente. Le chauffeur a dans la tête de rattraper un autre véhicule et les jeunes qui lui font la conversation rigolent. Le chauffeur de relève se couche par terre dans le couloir pour dormir un peu. Les gros camions chinois ou coréens, neufs ou le plus souvent de dernière main, comme les IFA de l’ancienne Allemagne de l’Est, règnent en maîtres en cinquième position si les usagers doublés sont assez minces.
Le petit camion doublé précédemment prend le sillage du gros qui ouvre le front, la voiture se méfie, la mobylette sans éclairage se tient à carreau, tandis que vélo et cyclo dans le noir tiennent le fossé : c’est la hiérarchie gigogne du western routier¹. Parfois un motocycliste insolent, chemise gonflée par le vent, tente l’impossible et double un mastodonte.
Nous avons traversé Phu Ly, Ninh Binh, Thanh Hoa, Vinh, Ha Tinh.
La nuit glisse et la jeune femme accroupie courtisant le chauffeur est toujours là. Enfin, le conducteur cède la place à celui couché dans le couloir. Il prend la relève selon la procédure de la nouvelle réglementation, je suppose, puisque le bus s’arrête pour accomplir cette opération. Le chauffeur exténué tombe dans le couloir et s’endort. Et le bus repart avec son bruit de roulements rétamés. Le jour se lève sur le golfe du Tonkin. Nous arrivons dans la partie la plus étroite du Viêt Nam, au niveau de Dông Hoi. D’ici, on voit les deux frontières du pays. Á l’ouest, la Chaîne Truong Son ou Cordillère annamitique, à l’est, la mer. Puis la province de Quang Tri déroule la désolation de ces paysages défoliés par la guerre chimique, sa grande pauvreté, et ses villes de tombes depuis la montagne jusqu’à la mer. Par endroit, on replante des eucalyptus. Maintenant nous sommes à Vinh Môc, ville rasée par les Américains. Mais sa population creusa des tunnels -comme à Cu Chi, à une heure au nord-ouest de Saigon- elle résista enterrée entre quinze et vingt-six mètres de profondeur et, dans des conditions effroyables, passa des milliers de tonnes de matériel vers le Sud. Dix-sept enfants sont venus au monde sous la terre. Á l’ouest de Dong Ha, dans les replis des montagnes que nous longeons se trouve Khe Sanh où les Américains tombèrent dans leur propre piège, celui de se croire imprenables. Si bien qu’en haut lieu ils évoquèrent l’utilisation de la bombe atomique pour en sortir. Enfin, Huê.
A suivre...
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