Je suis partie aujourd’hui
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Franca Maï : Fleurs vénéneuses extrait Crescendo (vidéo)
Dans le cycle Morale et Capitalisme, voici un nouvel article que je remets en ligne, en apportant que peu de modifications. En 2005, ce film de Costra-Gavras m’avait littéralement schotché, tant ses thèses, nettement inspirées du livre de Westlake, allaient dans le sens de ce que je craignais pour cette société qui, libérale à outrance, exarcerbe les plus profonds instincts de notre nature première. En signant là la fin de nos idéaux transcendants, dans les ruines de ceux-ci, elle encourage désormais le nihilisme passif du groupe, dans le vaste champ d’énergies vitales qui ne sont là, en réalité, qu’un magma de forces et d’instincts ou de pulsions de vie et de mort, livrés au chaos irréductibles des forces massives de l’égoïsme et de l’instinct de conservation. N’ayant là, nul moyen de transcender la réalité vivante, ne pouvant opérer aucun changement intérieur, aliéné à notre force vitale, l’idéal de bonheur collectif auquel la société libérale aspire, semble réduire le projet collectif à une seule affaire personnelle fondée sur le modèle de la compétition et de la conquête. L’aspiration au dépassement devenant alors un souci de soi fondé sur le modèle du "perfectionnement personnel". C’est en ce sens que le film de Costa-Gavras, Le couperet[1], porte bien son nom. Car, il montre, avec toute la finesse que l’on connaît à Costa-Gavras, combien notre système est un coupeur de têtes... Or, je pense que mon article n’a jamais été aussi vrai qu’au temps présent. Je le dis ici tout net : en France règne une sourde violence entretenue par la haine de tous contre tous.
Or, et c’est la question que je posai en 2005 dans cet article, ce film dénonce une déroute à venir de nos libérales-démocratie, mais puisse-t-il y avoir un remède à la guerre de tous contre tous ?
« En fait je n’ai encore jamais tué personne, assassiné quelqu’un, supprimé un autre être humain. » Donald Westlake, Le couperet
C’est un film social à peine déguisé en thriller que Costa-Gavras a adapté d’un roman de Donald E. Westlake dont le titre original est The Ax[2], roman policier qui n’est autre qu’un long monologue au ton désenchanté. Le film commence par raconter la vie d’un homme comme tout le monde, appelé Bruno Davert avec femme et enfants. Bon père de famille, il est également cadre supérieur dans une usine de papier, qui donne une complète satisfaction à ses employeurs et à leurs actionnaires. Pourtant, malgré cela, et nonobstant ses quinze années de bons et loyaux services, il est un jour congédié avec quelques centaines de ses collègues pour cause de redéploiement économique, ce qui est la formule « politiquement correcte » pour nommer une méthode économique nouvelle et perverse : la délocalisation. On comprend alors sans mal que Costa-Gavras s’engage là dans une dénonciation forte et efficace des travers d’une société libérale privilégiant le « tout-marché » au détriment de la condition humaine et de sa dignité dans un monde que nous connaissons que trop bien : le notre...
Une idée simple, diabolique
Au commencement du film donc, une famille ordinaire ancrée dans son quotidien : une femme aimante, deux enfants adorables. Puis, c’est le licenciement qui est perçu dans les premiers temps comme des « vacances ». D’autant que Bruno Davert sait qu’il n’y en a pas deux comme lui. Et pourtant ! Très vite, les premières semaines de « repos » bien mérité, laissent place à d’autres plus cauchemardesques dont Bruno rêve vite de s’éveiller : Trois ans après, toujours sans emploi, Bruno Davert accumule les CV sans réponses ou les réponses négatives, quand le gaillard n’est pas littéralement réduit à néant par des chargés de ressources humaines plutôt fiers d’avoir un peu de pouvoir sur ce pauvre bougre, prêt à tout pour retrouver un semblant de dignité « sociale » ; présentés là comme une espèce de dangereux prédateurs, triant, écumant dans le nombre incroyable de sans-emploi qui se font concurrence, ces individus sans foi ni loi font de ce cadre « bien sous tous rapports », un petit soldat engagé dans une guerre d’usure pour sauver sa peau et tenter de préserver le confort qu’il estime devoir offrir à sa femme et ses enfants. D’où l’idée (également traité dans Mon CV dans ta gueule, d’Alain Wegscheider un roman publié aux éditions Pétrelle) de liquider la concurrence. Et oui ! Une idée aussi simple que diabolique. Combien sont-ils à obstruer sa route vers l’embauche ? Dans son domaine, à son niveau de compétences, ils sont moins d’une dizaine. Il s’agit donc pour notre personnage principal de récupérer les CV de ses rivaux potentiels, de dresser la liste des « concurrents » à abattre et, à terme, d’obtenir l’emploi convoité.
Comble du comble, Bruno Davert s’exécute avec un sang-froid glaçant ! Rien ne pourra, semble-t-il, l’arrêter.
Et voilà que meurtre après meurtre, ce « monsieur-tout-le-monde » transformé pour quelques temps en tueur froid et déterminé, met à jour le vrai problème qui nous tient tous par le collet : nous sommes soumis à un seul mot d’ordre que notre belle société libérale utilise pour nous faire courir derrière la carotte, et que l’on pourrait exprimer par cette formule anglo-saxonne qui est aujourd’hui poussée à son paroxysme : « Better of dead » ! (Etre le premier ou disparaître !). Ou plutôt : « soyez compétitifs, ou disparaissez ! » Un darwinisme social qui cache, à l’image de l’allégorie de Costa-Gavras, un grand nombre de crimes symboliques.
Etre rentable, ou ne pas être
Cette philosophie déshumanisante au final : rentabilité /compétitivité qui nous est inculquée parfois dès le très jeune âge, souvent insidieusement par nos parents, nos professeurs, puis plus clairement par nos patrons, est enfin dénoncée. Une philosophie anti-humaniste, soyons clairs, sur laquelle repose tout notre système éducatif et social. Que serait-il sans ce que l’on produit ? D’où son intérêt à nous rendre rentables, et pour longtemps. « Vous êtes rentables donc vous êtes » est bien la première et seule supercherie par laquelle toute notre système socio-éducatif tient bon ! Sans ça, tout s’écroule. D’où la détresse de Bruno, d’où la notre, d’entrevoir le piège dans lequel, nous sommes tous tombés. Voilà donc la raison pour laquelle nous souffrons de ne pas nous sentir plus utiles, mieux utilisés, mieux reconnus par un vrai poste, et non par ces contrats précaires, sources de crainte pour l’avenir, de souffrance pour un présent qui nous réduit à n’être que des ombres sociales.
Qui n’a pas peur de devenir un jour un modeste smicard sous les ordres d’un petit col blanc, parce qu’à l’instar du serviteur chez Hegel, on aurait choisi de renoncer à la mort et, contrairement à Bruno Davert, de renoncer à tuer. Le procès tenu là par Costa-Gavras à la suite de Donald Westlake est celui du monde terrifiant dans lequel nous vivons aujourd’hui, monde qui semble se réduire uniquement à la course au profit et à la recherche du simple confort individuel.
On refuse de s’ouvrir à l’autre, happés que nous sommes par le modèle dominant de l’économie libérale qui prétend élargir les libertés subjectives, alors qu’il les limite terriblement, transformant le sujet en une individualité biologique à laquelle il réclame performance et productivité, ce qui arrange d’ailleurs, la pérennité du système social. « La division du social conditionne l’unité de la société, le conflit permet de faire tenir un groupement humain sans qu’il ait besoin de justifier son sens en se référant à un ailleurs et sans qu’un souverain décide pour nous. C’est là le noyau du politique en démocratie »[3]. En contrepartie, le système abolit toute réflexion sur soi. Il s’agit pour l’homme moderne de l’économie libérale d’être lisse et sans conflits. Semblable à un ordinateur, il ne doit jamais offrir le spectacle d’une quelconque défaillance.
Mais ce qui redouble l’intérêt du sujet, c’est qu’il parle d’une situation en Amérique qui existe depuis déjà quinze ans, au moins. Et malheureusement elle arrive à grand pas en Europe et commence à jouer un rôle important dans notre société en France : le chômage, les licenciements, le modèle ultra-libéral, le renforcement de l’individualisme...
Le triomphe dans la mort
Soumis à cette forte pression libérale, Bruno Davert s’est choisi. Sa liberté de choix le rend responsable de ce qu’il est devenu : un meurtrier. Il ne peut le réfuter. Il a transgressé toute morale, toute éthique. Il devrait finir sa vie en prison. Et pourtant, le film s’achève sur le triomphe de Bruno Davert. Il triomphe (ou croit triompher - la morale est toutefois sauve !) en retrouvant un travail à la hauteur de ses « exigences », sauvant ainsi veaux, vaches, et enfants ! Contrairement au cinéma d’hier, le tueur Bruno Davert est aujourd’hui quitte de tout procès, de toute inculpation. Le film ne se referme pas avec la porte de sa cellule de prison, mais sur sa (confortable ?) place au sein d’ARCADIA, une autre cellule cependant, - mais celle-ci parait plus dorée, où on imagine qu’il sera contraint de continuer cette guerre à mort contre les siens pour la plus grande gloire de ses employeurs, et surtout de leurs actionnaires. Un triomphe donc, dans la mort, contre laquelle nous ne pouvons plus rien. D’où cette seconde interrogation : qu’est-ce qu’il sauve de l’avenir de ses enfants ? S’il faut s’enquérir d’une telle méthode pour assurer son bonheur au quotidien, comment préparer le bonheur de sa progéniture dans un système aussi impitoyable ?
Certes, le constat semblera par trop pessimiste pour certains, peut être même un peu manichéen, néanmoins ne demeure-t-il pas juste : aujourd’hui, on ne se bat plus vraiment pour défendre des idéaux humanistes, emblématiques pour améliorer la vie et l’Homme. Non ! Nous ne nous posons plus dans une démarche qui se questionne autour du devenir de l’humanité. Nous sommes jetés dans une jungle où règne la guerre de tous contre tous. Et nous sommes contraints pour survivre dans cette jungle urbaine de ne penser qu’à une seule chose : sauver sa peau ! Il n’y a plus de morale, plus de solidarité. Ou si peu ! C’est le règne de l’inhumanité au quotidien, l’avènement d’une nouvelle barbarie. Le système libéral divise pour régner... On croise régulièrement des mendiants venus de tout horizon, sales, en détresse... On croise des SDF qui se détruisent à l’alcool, et ils nous font peur... Peur d’un jour en arriver là... Alors chacun se bat ! Pour trouver un boulot ! Pour le conserver ! On ne se bat plus les uns avec les autres... un idéal bien impossible à présent... puisque l’un, dans ce système peut faire de l’ombre à l’autre. Et cette course meurtrière que mène Bruno pour retrouver un emploi, en est l’illustration extrême. On se bat les uns contre les autres... Voilà bien tout le drame de notre époque...
(Paru dans Le journal de la culture n° 14, Mai/Juin 2005.)
[1] Film français. (2h02). Réal. : Costa-Gavras. Scén. : Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg, d’après Donald E. Westlake. Avec : José Garcia (Bruno), Karin Viard (Marlène), Ulrich Tukur (Hutchinson), Olivier Gourmet (Machefer).
[2] Donald Westlake, Le couperet, Rivage noir
[3] Claude Lefort, cité par Alain Ehrenberg in La fatigue d’être soi, dépression et société, Odile Jacob, Poche, Paris, 2000, p.272
Source : Marc Alpozzo (Ouvroir de réflexions potentielles)
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